Une catéchèse œcuménique à Oullins (près de Lyon)

Comment cette catéchèse œcuménique est-elle née ?

Déjà liées par un riche passé œcuménique construit autour de l’amitié entre l’abbé Couturier et le pasteur Brémond, les communautés protestante et catholique d’Oullins (banlieue sud-ouest de Lyon) continuent aujourd’hui à vivre fraternellement…
En 1973, la communauté protestante d’Oullins s’étant agrandie d’une population ardéchoise venant travailler dans les chantiers de la SNCF, la paroisse cherchait un lieu de rassemblement. Le prêtre servit d’intermédiaire pour l’achat d’une maison bourgeoise dans le parc de la Sarra.
C’est dans ce contexte fraternel qu’est née sous l’impulsion du pasteur Michel Bonneville, cette catéchèse d’Oullins. Pourquoi ne pas se regrouper et profiter des richesses de chacune des communautés pour faire découvrir aux enfants ce même Dieu qui nous réunit par Jésus-Christ ?
L’Esprit aidant, la décision fut prise de faire route ensemble pour une catéchèse œcuménique. Cette expérience dure depuis 37 ans…

Pourquoi une telle initiative ?

L’essai fut d’abord timide : seule la préparation était commune. Les enfants fréquentaient chacun leur paroisse. Mais comme ils se retrouvaient sur les mêmes bancs de l’école, le mouvement s’est précipité. On opta bien vite pour que les séances de catéchèse soient communes.
Cela a permis aux familles protestantes et catholiques de se rencontrer et se rendre à l’évidence : les raisons ne sont pas seulement d’ordre pratique (préparation commune), elles sont plus profondes.
Nous sommes d’accord sur l’essentiel : Jésus Christ sauve tous les hommes. Nous croyons que nous sommes tous appelés à signifier le royaume qui vient : l’évangile est pour tout le monde et nous devons sans cesse le réaffirmer. Nous sommes convaincus que nous avons plus de chance de trouver Jésus-Christ ensemble que séparément.

Quels en sont les objectifs ?

L’objectif est de découvrir Dieu dans la Bible et de connaître sa proximité et sa tendresse à l’égard de tout homme. En nous envoyant son fils unique, il rejoint l’homme sur son chemin. Il nous semble que l’enfant découvre qu’il est au cœur de cette longue histoire du peuple de Dieu, et qu’il y a sa place, avec ses questions, ses doutes, ses avancées, ses révoltes et ses désirs. Il n’est pas question de fournir aux enfants un savoir le plus complet possible, mais de se laisser remettre en question par la parole toujours vivante du Christ. En un mot, leur donner le goût de la parole de Dieu afin qu’ils puissent lui laisser une place essentielle dans leur vie.

Quel est son contenu ?

Le pasteur, en accord avec le responsable catholique, établit le programme de l’année scolaire afin que les enfants, qui suivent le cycle complet, ne refassent pas les mêmes textes chaque année. La moitié de l’année porte sur l’AT, l’autre moitié sur un évangile ou les Actes des apôtres en approfondissant un thème.
Exemples :

La création dans la Genèse et la création dans l’évangile de Luc
Abraham : son chemin dans la Genèse et notre chemin avec Jésus dans l’évangile de Jean
Un peuple à part, un peuple pour Dieu dans l’Exode et les premières communautés chrétiennes dans les Actes des Apôtres.
Préparation d’une séance mensuelle de 2 heures : 1 heure d’étude biblique ouverte à tous faite alternativement par le pasteur ou le prêtre. Puis 1 heure de mise au point avec les catéchistes sur la pédagogie pour mettre en valeur l’idée forte du texte.

Quelle est sa pédagogie ?

Les enfants se répartissent en plusieurs groupes selon leurs âges entre 6-12 ans et se retrouvent un samedi par mois pendant 3 heures en terminant par un repas. Voici un exemple de déroulement d’une séance pour les enfants :
1er temps : rassemblement avec un chant, les catéchistes répondent aux questions mises dans la boite à questions la séance précédente, une offrande (la destination a été choisie par les enfants), font un rappel sur le texte précédent.
Exemples de questions : Pourquoi ne voit-on pas Dieu ? Existe-t-il ? Les textes bibliques sont-ils vrais ? Pourquoi le KT a été inventé ? Pourquoi vit-on ? etc…
2ème temps : Chaque groupe étudie le texte préparé ensemble avec la pédagogie mise en place.
3ème temps : mise en commun, temps liturgique avec prière et chant
Dans l’année, nous avons un culte parents-enfants et une messe des familles. Une fête de la foi vient marquer la fin de l’année scolaire de la catéchèse.

Où se dirigent les enfants après cette catéchèse ?

Ils choisissent soit la catéchèse de l’Église Réformée, soit l’aumônerie catholique des collèges. Une réflexion est en pourparlers pour « l‘après », suite à l’arrivée des enfants du Centre Saint Irénée.
Pour les sacrements comme baptême et première communion, nous renvoyons la préparation dans les paroisses choisies par les parents en se rappelant que le baptême est reconnu par les deux communautés.

Quelles réflexions portez-vous sur ce parcours ?

Il est important de trouver un équilibre entre les deux communautés, il faut éliminer la peur d’être perdant. La catéchèse commune implique forcément de comprendre l’Église comme le peuple de Dieu en marche. Il faut qu’il y ait un accord pour donner une place centrale à Jésus Christ, donc pour souligner plus ce qui nous unit que ce qui nous sépare.
En même temps nous devons avoir un souci de clarté par rapport aux parents, c’est à dire ne pas gommer nos différences et ne pas constituer une troisième Église, d’où le renvoi des parents dans leurs paroisses pour les sacrements. Les relations œcuméniques évoluent nous sommes obligés d’en tenir compte. Ce travail de base dans la catéchèse œcuménique est donc important à poursuivre pour mieux se connaître.
Dans nos Églises, il y a beaucoup de foyers interconfessionnels, ils se posent beaucoup de questions par rapport à leurs enfants. Ils sont donc appelés à discuter avec leurs enfants en insistant sur l’idée que le choix entre les deux confessions leur sera ouvert encore longtemps. La catéchèse œcuménique leur donne un esprit d’ouverture pour accueillir la parole de Dieu dans l’une ou l’autre Église.
J’ai participé pendant plus de 20 ans à cette catéchèse. Pour moi cela a été une joie de découvrir et de travailler ensemble tous ces textes bibliques avec les moniteurs et les enfants. Que de chemin parcouru !… Ma foi n’est plus la même au début et à la fin. Nous pouvons vivre notre foi avec des sensibilités différentes, des formes liturgiques différentes mais par l’Esprit Saint nous pouvons vivre ensemble des moments de communion pour louer, prier, partager la parole de notre Seigneur Jésus-Christ. La catéchèse œcuménique est un lieu où nous pouvons vivre ces moments de communion signe de l’unité du corps du Christ.
Marie Allevard (catéchiste et paroissienne dans la paroisse réformée d’Oullins)