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Association Française des Foyers Mixtes Interconfessionnels Chrétiens
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Hospitalité eucharistique

Partager la même table eucharistique ?

Un chrétien d’une confession chrétienne (catholique, orthodoxe, protestant) peut-il vivre l’hospitalité eucharistique, c’est-à-dire être accueilli à la « Table du Seigneur » et à la communion chez des chrétiens d’une autre confession ?

Parmi les couples mixtes catholique-protestant, certains ne participent pas à la Sainte Cène et inversement certains ne participent pas à l’Eucharistie. D’autres couples, après un discernement, participent à la fois à la Sainte Cène et à l’Eucharistie. Leur discernement, souvent en dialogue avec un ministre catholique, s’appuie sur la note sur l’hospitalité eucharistique publiée en 1983 par la Commission épiscopale pour l’unité des chrétiens :

« Seuls des cas exceptionnels d’hospitalité eucharistique peuvent être envisagés dans la situation actuelle de division avec les Églises de la Réforme. Pour qu’ils soient vécus dans la vérité comme des « moyens de grâce » (Décret sur l’œcuménisme, 8) et pour qu’ils contribuent à faire l’Église une, plusieurs conditions sont à respecter, selon le discernement exercé par le Directoire des questions œcuméniques et les autres documents qui font autorité dans toute l’Église catholique
Dans le cas où des prêtres et des fidèles catholiques accueillent des frères protestants à la table eucharistique, une hospitalité authentique suppose de la part de ces derniers un « réel besoin » ou un désir spirituel éprouvé, des liens de communion fraternelle profonds et continus avec des catholiques (tels qu’ils sont vécus dans certains foyers mixtes et dans quelques groupes œcuméniques durables), une foi sans ambiguïté quant à la dimension sacrificielle du mémorial, quant à la présence réelle et à la relation entre communion eucharistique et communion ecclésiale, enfin un engagement actif au service de l’unité que Dieu veut. »

Voir le texte complet de la note sur l’hospitalité eucharistique de 1983.

Voici également des extraits d’un article de La Croix rédigé par le père Michel Souchon, jésuite

Pourquoi l’hospitalité eucharistique fait-elle problème ?

L’hospitalité eucharistique désigne l’accueil à la « Table du Seigneur » et à la communion, dans une confession chrétienne, de chrétiens venant d’une autre confession (des protestants à la messe catholique, ou des catholiques à la Cène protestante, par exemple).

Le point de départ de toute réflexion sur ce thème est le scandale du fait que le sacrement de l’unité soit facteur de division ! « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas une communion au sang du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps », affirme saint Paul (1 Corinthiens 10,16-17).

Des positions diverses

Elle ne fait pas problème de la même manière dans toutes les confessions chrétiennes. Les Églises issues de la Réforme protestante sont très ouvertes. Ainsi, par exemple, des pasteurs disent, avant le partage du pain et de la coupe, que leur Église « considère que tout membre communiant d’une autre Église chrétienne, qui désire communier, a sa place à la table du Seigneur ». Ils ajoutent que leur Église « n’ignore pas que sa pratique n’est pas partagée par toutes les Églises, qu’elle « respecte la position de ces autres Églises, et qu’elle « considère, en définitive, que chaque fidèle, à commencer par les siens, doit agir en ce domaine, conformément à sa conscience ».
Les Églises orthodoxes ont à l’inverse une position très restrictive. Des affiches et des annonces dans les églises demandent que les chrétiens n’appartenant pas à l’orthodoxie s’abstiennent de participer au partage du pain et du vin.

Dans l’Église catholique, un document, le « Directoire pour l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme », publié par le Secrétariat romain pour l’Unité des chrétiens en 1993, témoigne d’une relative ouverture en ce qui concerne les Églises orthodoxes et d’une position plus négative en ce qui concerne les Églises issues de la Réforme protestante. Le document envisage des exceptions dans des cas particuliers, exceptions qui doivent être soumises à l’accord de l’évêque du lieu.

Il y a au moins un point commun entre toutes les Églises chrétiennes : chacune affirme respecter les positions des autres confessions et demande à ses fidèles d’agir dans le respect des normes de l’Église où ils sont accueillis.

Cette diversité des positions et le scandale de la division au sujet du Repas du Seigneur ont suscité des recherches, des dialogues, des discussions. Le document « Baptême Eucharistie Ministère », le texte du Groupe des Dombes, l’accord du Liebfrauenberg entre Réformés et Luthériens sont quelques-unes des étapes du dialogue œcuménique. En 2001, la « Charta oecumenica » a rappelé l’importance de tendre vers l’unité sur ce point.

L’espérance œcuménique

Il est des cas où l’hospitalité eucharistique est envisageable : les foyers mixtes protestant-catholique, notamment, et les centres œcuméniques stables qui vivent une recherche et des rencontres de prière régulières (il vaut mieux quand même s’assurer de l’approbation de l’évêque du lieu ou du délégué œcuménique du diocèse concerné). Ces cas ouvrent une espérance qui n’est pas attente passive, mais qui implique une tâche.
La « Charta oecumenica » (cf. note 3) dit notamment : « Des différences essentielles dans la foi empêchent encore l’unité visible. Il s’agit surtout de conceptions différentes de l’Église et de son unité, des sacrements et des ministères. Nous ne devons pas nous en satisfaire. Jésus Christ, sur la Croix, nous a révélé son amour et le mystère de la réconciliation. À sa suite, nous voulons faire tout notre possible pour surmonter les problèmes et les obstacles qui séparent encore les Églises. Nous nous engageons :

  • à suivre l’exhortation apostolique de la lettre aux Éphésiens et à faire des efforts avec persévérance pour une compréhension commune de la Bonne Nouvelle du salut en Christ dans l’Évangile ;
  • à travailler en outre, dans la force de l’Esprit saint, à l’unité visible de l’Église de Jésus Christ dans l’unique foi, qui trouve son expression dans un baptême réciproquement reconnu et dans la communion eucharistique, tout comme dans le témoignage et le service. »

Notes

  1. Baptême Eucharistie Ministère, Commission multilatérale Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises (Cerf, 1993).
  2. Vers une même foi eucharistique ? Accord entre catholiques et protestants, Les presses de Taizé, 1972.
  3. La « Charta oecumenica » est un document signé à Strasbourg, le 22 avril 2001, par le Conseil (catholique) des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) et la Conférence (protestante) des Églises européennes (KEK).