Lettre ouverte aux Paroisses
rédigée à la 6e rencontre francophone des Foyers Interconfessionnels
A nos chères paroisses, quelques éléments de réflexion et d’action :
1. Pistes de réflexion
Un couple interconfessionnel… est-ce une simple inscription statistique pour l’administration ou une réalité de vie au sein de communautés confessant leur foi ?
L’unité des chrétiens… est-ce un besoin fortement ressenti par nos communautés ? Y a-t-il une vraie souffrance face au manque d’unité des Eglises chrétiennes ? … ou alors chacun vit-il plutôt bien son appartenance à sa communauté de foi sans se soucier vraiment de l’existence des autres ?
La tâche de foyer interconfessionnel… ne consisterait-elle pas à créer ce besoin face au scandale de la désunion ? Mais y aura-t-il toujours des personnes ayant le virus, la passion pour l’oecuménisme ? La question se pose surtout aux jeunes générations qui n’ont peut-être plus la même sensibilité que leurs aînés. Y a-t-il des générations nouvelles prêtes à reprendre le flambeau du militantisme oecuménique, prêtes à travailler, à s’investir dans la durée ? Car l’oecuménisme est un chantier permanent, une oeuvre à remettre constamment sur le métier.
L’accueil des paroisses face à la démarche oecuménique… Nos paroisses ne se contentent-elles pas trop souvent de l’existence d’une « case » oecuménique, d’une rubrique ponctuelle dans le bulletin paroissial ? Ne se dérobent-elles pas sous le prétexte d’une priorité plus urgente qui concerne la nécessité d’évangéliser une société toujours moins croyante – ou de croyance syncrétiste – en tous les cas moins pratiquante ?
2. Pistes d’action
Catéchèse commune… ne pourrait-on pas imaginer une catéchèse commune ? Elle se pratique déjà ainsi dans les hôpitaux, les foyers pour personnes handicapées, etc. Cela nous permettrait de faire ensemble ce que l’on n’est pas obligés de faire séparément.
Communication… La paroisse demeure encore aujourd’hui le vecteur principal de la communication oecuménique. Auprès des jeunes notamment, ne faudrait-il pas inventer d’autres modes de communication, notamment électroniques ?
L’existence des groupements interconfessionnels implique un engagement sur la durée. N’est-ce pas en porte-à-faux avec l’acquiescement des jeunes générations pour des actes ponctuels, de type rencontres de Taizé ou Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ? Par quel biais, dès lors, s’assurer de la relève oecuménique ? Pourrait-on donner une dimension oecuménique à toutes nos activités paroissiales, avec l’engagement de laïcs pour cette tâche ?
La mise sur pied de groupes de travail interconfessionnels nous semble importante pour tenter de solutionner les problèmes concrets des couples mixtes (concernant par exemple le baptême, la confirmation, le mariage). Et ce, sans attendre que la solution émane des autorités ecclésiastiques car le risque est grand que les jeunes couples se contentent d’un dénominateur chrétien commun. Cette dernière attitude irait à l’encontre de l’aspect positif du repli identitaire – perçu lors de notre week-end – à savoir une connaissance de soi-même, de ses racines confessionnelles, pour mieux s’ouvrir à l’autre et s’enrichir de ses différences.
La démarche d’une vraie connaissance pose nécessairement le questionnement de l’altérité, tel pourrait être le slogan pour approfondir l’oecuménisme pour les nuls… !
Vaumarcus (NE), Suisse, le dimanche 19 septembre 2010
Pour aller plus loin :
« La rencontre » par le père Vincent Lafarge
« Unités et foyers mixtes : une seule direction, en avant ! » par l’abbé François-Xavier Amherdt.