Lyon 2014
Une Eglise, deux confessions. Quelle vocation pour les Foyers Mixtes ?
Se rencontrer, partager, travailler ce thème, voilà ce à quoi se sont consacrés avec enthousiasme, à l’appel de l’AFFMIC lyonnais, une trentaine de couples mixtes venus du Nord, des régions parisienne et lyonnaise, de Toulouse, de Suisse et même d’Angleterre.
D’emblée la pasteure Anne FAISANDIER (Grand Temple de Lyon) a réaffirmé leur « vocation », après la « malédiction » qu’ils représentaient avant Vatican II. Cette vocation amène chaque conjoint à réfléchir à son identité complexe et très personnelle. Ce retour sur origine est indispensable pour cheminer avec l’autre, et élaborer un projet de couple. Tout en affirmant qu’il n’y a qu’une seule conversion possible, à Jésus Christ, on discerne trois identités distinctes :
- une identité chrétienne spécifique, dynamique centrée sur la rencontre existentielle avec le Christ,
- une identité confessionnelle marquée par les ruptures, engendrant des blessures,
- une identité ecclésiale, l’appartenance au corps du Christ incarné par les hommes dans le monde.
Cette dernière identité est souvent en conflit avec l’identité chrétienne.
Cette introduction aux composantes identitaires a préparé la réflexion qui a suivi en groupes sur un extrait du livre du Groupe des Dombes « Pour la conversion des Eglises ». Efforts, exigence, conversion, mouvement, des mots fréquents qui ont fait écho aux pas des foyers mixtes dans leur cheminement riche mais parfois rocailleux. Tous les groupes se sont retrouvés dans cette affirmation relue dans l’ouvrage de référence :
« Les identités confessionnelles deviennent une grâce de Dieu pour toute l’Eglise à partir du moment où elles entrent dans la recherche commune d’une plénitude de vérité et de fidélité qui les dépasse toutes ».
Les couples mixtes ne font pas seulement un chemin l’un vers l’autre mais un chemin ensemble vers le Christ telle une chorégraphie vers un objectif. Suite à ce travail de réflexion trois couples d’âges différents ont témoigné de leur mariage, de leur vie sacramentelle, du parcours catéchétique de leurs enfants. Temps fort de telles rencontres car sans aucun doute, ils ont donné clairement une preuve de leur vocation !
En conclusion comme l’ont relevé la pasteure et le père FORESTIER (recteur de l’église Saint Bonaventure) on peut faire une analogie entre le couple et l’Eglise : tous les deux n’existent que pour autre chose qu’eux-mêmes et ne font couple ou Eglise qu’en vue de.
Le couple mixte se heurte aux limites de la réalité des Eglises et sa vocation est de se situer à cette charnière en s’aimant assez pour dialoguer. Il est là pour ouvrir les cadenas qu’il est à la mode d’accrocher aux ponts pour sceller les couples. Il réaffirme qu’on peut vivre ensemble sans être d’accord sur tout et recommande aux Eglises d’en faire de même.
Ce week end s’est achevé par un dimanche intense débutant par l’assemblée générale de l’AFFMIC : ce réseau national de foyers mixtes s’inscrit désormais dans le paysage oecuménique grâce à ses membres, son site et sa lettre quadri annuelle.
Puis au cours du culte habituel, les deux pasteurs de l’Espace protestant Théodore Monod qui accueillait la rencontre, dans une prédication à deux voix, ont insisté sur la nécessité de l’attente s’opposant à l’exigence du « tout, tout de suite » si caractéristique de la mentalité d’aujourd’hui.
Après un repas festif un jeu dit du Marais a confronté les participants à des arbitrages délicats mettant en jeu leur identité : beaucoup de rires et de surprises.
La rencontre, suivie avec attention par le père René BEAUPERE, fondateur du mouvement des Foyers Mixtes, restera un jalon important pour ses participants : en faire écho pour que la richesse du chemin des foyers mixtes soit reçue comme une grâce et un aiguillon pour nos Eglises. Tel est notre voeu !
TEMOIGNAGES
Un couple témoigne au cours du week end
Nous nous sommes rencontrés en 1984 et la foi était pour nous un élément important de notre union. Très vite, nous avons rejoint un groupe de FM ce qui nous a aidés sur des points épineux comme la communion.
La réflexion avec un prêtre et un pasteur nous a fait comprendre que nous faisions la même chose en prenant la Sainte Cène ou l’Eucharistie et que la séparation venait du rôle des ministres. Dès lors, nous avons communié ensemble dans les deux confessions. L’évêque de Versailles avait lui-même expliqué au groupe de FM qu’il n’avait pas d’autorisation à donner pour l’hospitalité eucharistique et que nous pouvions le faire en conscience après réflexion.
Nos trois enfants venaient aux 2 offices avec nous et ont demandé vers dix ans à être accueillis à la Sainte Cène et à l’Eucharistie.
Pour l’aînée, pas de problème : prêtre et pasteur l’ont accueillie sans difficulté. Pour le 2ème, première communion avec les copains catholiques, et chez les protestants : bon accueil du pasteur, mais reproches du Conseil presbytéral qui aurait voulu être consulté.
Pour la 3ème, il a fallu des mois de discussions et que nous, ses parents et des amis menions une « grève de la faim eucharistique » dans notre paroisse avant que le prêtre ne l’accueille ! Et chez les protestants, OUI MAIS pas d’accueil officiel de peur de donner un mauvais exemple à d’autres enfants !!!!
Nous avons trouvé tristes ces attitudes rigides, le peu d’empressement à répondre à la demande des enfants au lieu de se réjouir de ces témoignages de foi. Ces réticences nous ont fait prendre de la distance par rapport à nos identités confessionnelles.
Gérald et Hélène MONCHARMONT
Des participants ont écrit
Membres d’un groupe de foyers mixtes lyonnais, nous avons eu la chance de participer à ce week-end qui a été d’une grande richesse : nous souhaitons la partager avec ceux qui n’y ont pas participé.
Plusieurs moments forts du week-end nous ont rappelé que la vie d’un couple de foyer mixte n’est pas un long fleuve tranquille ! Le temps de témoignages de trois couples sur leurs parcours de chrétiens, notamment au travers des grandes étapes de la vie (mariage – baptême des enfants – communion – accueil à la sainte cène etc.) et le jeu dit du « marais » (qui conduit chacun à se positionner par rapport à une question posée) ont mis en lumière, avec sincérité et vérité, les questionnements, les débats, les souffrances et les blessures que traversent beaucoup de foyers mixtes.
La force de ces moments, c’est de se rendre compte que l’on n’est pas seul et que le témoignage de l’autre peut nous aider à avancer. Mais, au-delà de ces souffrances et de ces questionnements partagés, la richesse de ce weekend a résidé dans les pistes apportées à la question posée : comment trouver, au sein d’une seule Église mais de deux confessions, des chemins de convergence respectueux des identités ?
La qualité de l’écoute, la joie, la bonne humeur et la convivialité ont profondément habité ce week-end. C’est pour nous le témoignage que les chemins de convergence se trouvent, à notre niveau de foyers mixtes, avant tout dans le respect de l’autre, dans la rencontre.
Nous avons été profondément touchés par le témoignage à deux voix – celle du pasteur Corinne CHARRIAU, pasteure de la paroisse de l’est lyonnais et celle du père Régis CHARRE, curé de la paroisse de Vaulx-en-Velin, de l’expérience oecuménique vécue par leurs deux paroisses notamment dans l’accompagnement commun – matériel, mais surtout spirituel- d’un camp de « roms ».
Lorsque nous vivons profondément le message du Christ, l’appartenance ecclésiale n’apparait plus, c’est simplement une richesse.
Et pour vivre profondément le message du Christ, nous avons besoin de nous retrouver dans la prière. C’est ce que nous avons fait en participant, avec la paroisse de l’Est, à son culte dominical.
Voilà quelques-unes des pistes que ce week-end nous a apportées, comme des évidences. Pour tout cela nous voulons rendre grâce et remercier tous ceux qui l’ont préparé ou y ont été associés !
Agathe et Aymeric LARCHER (Lyon)
De retour à Toulouse, nous sommes très heureux d’avoir bravé les kilomètres pour participer à la rencontre du 1-2 février à Lyon. Comme le dit le cantique, nous ne sommes pas « rentrés chez nous comme avant », mais nous sommes rentrés plus riches de toutes ces rencontres, de tous ces parcours, de tous ces témoignages partagés.
Le WE était très équilibré entre les temps de réflexion, les témoignages, le temps de célébration, et même un jeu de clôture particulièrement intéressant et concret. Nous avons été très touchés par l’accueil qui nous a été réservé. C’était notre première participation à une rencontre nationale, et nous en garderons le souvenir d’un grand moment de grâce et de fraternité.
Un grand bravo pour les organisateurs ! Nous avons très envie de participer à la prochaine édition, nous vous disons donc merci et à bientôt.
Claire et Jean-François BONNEFOUS (Toulouse)
Nous sommes un couple mixte catholique et protestant, marié depuis 4 ans et sommes bientôt parents de 2 enfants. Nous faisons partie d’un groupe de foyers mixtes à Lyon, et avons souhaité participer à ce week-end de l’AFFMIC dans l’espoir de rencontrer d’autres couples plus avancés que nous dans l’oecuménisme et de nous enrichir de leur expérience.
A tous égards, ce week-end intense et très bien organisé a dépassé nos attentes : en plus des moments d’échanges avec les autres participants lors d’ateliers ou de repas partagés, nous avons été profondément touchés par les témoignages poignants du pasteur Corinne CHARRIAU en duo avec le père Régis CHARRE sur leur action commune de diaconie, et par ceux des 3 couples qui ont su partager leur vécu de famille au sein de nos Eglises avec beaucoup de profondeur, d’émotion et d’humour.
Nous avons été très enthousiasmés par ce week-end qui a été pour nous un beau moment de communion fraternelle, de convivialité, et source d’enrichissement pour notre vie de couple. Ces deux jours de pause et de réflexion nous ont permis de répondre à certaines questions que nous avions du mal à résoudre, et notamment d’avancer sur la question du baptême de nos enfants.
Cécile et Florent SAPIN (Lyon)